Cabinet de psychomotricité et de sophrologie

à La Rochelle

Graphomotricité et écriture

Le psychomotricien est de par sa formation le spécialiste de la graphomotricité, c’est à dire du mécanisme de mise en oeuvre des compétences psychomotrices nécessaires à la réalisation d’un tracé.

Naissance de l’écriture

C’est vers l’âge de 2 ans que l’enfant réalise ses premiers gribouillis : ses réalisations émerveillent son entourage, l’encourageant par là même à approfondir l’exercice. La feuille devient peu à peu un terrain de jeu, de coordination, d’expression, de communication et toutes les expériences motrices vont contribuer à façonner progressivement l’habileté graphomotrice.

En jouant, l’enfant développe sa coordination, d’abord globale puis de plus en plus précise. La main est de mieux en mieux guidée par l’oeil et commence à permettre des réalisations complexes.

La latéralisation et le développement du schéma corporel structurent l’image du corps et contribuent à la constitution de la perception spatiale. Toutes ces informations psychomotrices enrichissent le système nerveux central et l’adaptation à son environnement devient de plus en plus importante.

Les praxies graphiques (capacité à organiser sur le plan cognitif une coordination en vue de la réalisation d’un tracé) se mettent en place et se complexifient, permettant à l’enfant de copier des modèles simples, puis complexes. Les boucles alternées s’enchaînent et deviennent les prémices de la lettre et le début de l’écriture. Le son a alors trouvé un support pour que de transmission orale, le langage puisse s’écrire.

Ainsi naît l’écriture, rencontre entre le long processus de maturation psychomotrice et de celui du langage

La place de la psychomotricité

On comprend bien que l’acte de dessiner ou d’écrire est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue et beaucoup d’enfants peuvent rencontrer diverses sortes de difficultés au cours de leur apprentissage.

Lorsqu’un enfant vient en consultation, le psychomotricien étudie grâce à son bilan tous les mécanismes psychomoteurs engagés dans l’écriture : les troubles révélés peuvent être plus ou moins nombreux et importants.

En voici quelques exemples non exhaustifs :

  • trouble de la régulation tonique : tracé trop appuyé, posture mal adaptée, crispation de l’épaule…
  • mauvaise latéralisation : gaucher ou droitier contrarié
  • trouble de la perception spatiale
  • trouble de la coordination, notamment visuo-motrice
  • trouble de l’efficience praxique graphique
  • etc.

Une fois le trouble révélé, le psychomotricien met en place son projet thérapeutique de manière à permettre à l’enfant de sortir le plus vite possible et le mieux possible de sa difficulté. Il va reprendre les bases sur lesquelles se fonde l’efficacité graphique et les consolider grâce à l’expérimentation. Cet enrichissement de la connaissance de son corps et de son potentiel va permettre une adaptation efficace aux contraintes du graphisme et de l’écriture.

La réussite progressive aux exercices va faciliter l’adhésion de l’enfant à l’acte d’écriture, assurant la mise en œuvre de ses moyens.

Bilans complémentaires

Lorsque la coordination visuo-motrice semble particulièrement engagée dans la problématique, le psychomotricien peut également demander un bilan orthoptique et/ou ophtalmologique pour s’assurer de la bonne fonctionnalité de l’œil.

L’écriture et la dyslexie/dysorthographie

Dans le cas de la dyslexie/dysorthographie, l’enfant aura du mal à s’appuyer sur les mécanismes d’encodage/décodage lui permettant de transformer le langage oral en langage écrit et vice versa.
Son écriture peut alors être touchée de deux manières : soit l’enfant doit être lent pour compenser, soit il doit sacrifier la qualité graphique pour rester dans les temps imposés par la classe.
Le psychomotricien et l’orthophoniste doivent alors travailler ensemble et unir leurs compétences respectives pour établir la meilleure stratégie thérapeutique en s’appuyant sur les bilans.
Pour certains, un travail psychomoteur ne sera mis en place qu’après de sérieux progrès réalisés en orthophonie, et pour d’autres, le travail psychomoteur devra être mené conjointement et sera d’ailleurs déterminant dans les progrès en orthophonie. En effet, si l’enfant présente des troubles psychomoteurs, ils peuvent alors être en partie ou totalement la cause des soucis de lecture/écriture. Dans ce cas, ne faire que la rééducation orthophonique peut limiter la vitesse d’amélioration des troubles.

« C’est l’investissement de l’acte graphomoteur qui est touché »

Nous pouvons rencontrer des enfants/adolescents en difficulté avec leur écriture sans qu’il y ait pour autant de difficulté instrumentale ou technique sous-jacente. C’est l’investissement de l’acte graphomoteur qui est touché, et cela pour de multiples raisons : par dépit, parce que l’enfant a toujours vécu l’écriture comme frustrante et source de soucis (c’est souvent le cas pour l’enfant présentant une dyslexie/dysorthographie), par ennui et refus de la contrainte comme cela peut être le cas chez l’enfant présentant une immaturité affective, par défi parce que l’écriture reflète la différence bien souvent présente entre la vitesse de l’esprit et celle du corps comme cela peut être le cas chez l’enfant intellectuellement précoce.

L’acte graphomoteur est complexe dans son versant technique et dans son versant psychologique : le psychomotricien est formé pour analyser la problématique que rencontre l’enfant dans ce domaine et peut mettre en place la thérapie adaptée pour l’en sortir.

Écrire nécessite la mise en commun de beaucoup de compétences psychomotrices : si une seule de ces compétences venait à faire défaut, cela pourrait compromettre la qualité ou la vitesse d’écriture.

Ne se concentrer que sur l’écriture fait prendre le risque de n’observer qu’un aspect des choses, de ne travailler qu’en bout de chaîne, et au final de compromettre la vitesse des progrès, voire les progrès tout simplement.

Décret de compétence

Un dernier point nous semble important en ce qui concerne le décret de compétence des psychomotriciens.

Il y est écrit que le psychomotricien rééduque la graphomotricité en dehors du langage écrit. Il faut comprendre par cette phrase que l’orthophoniste rééduque le langage oral et écrit, ce dernier dans son versant orthographe/grammaire/encodage/décodage, et que le psychomotricien s’occupe du versant graphomoteur.

En d’autres termes, l’orthophoniste va travailler sur le choix des lettres et leur place afin de constituer des mots ayant du sens dans un contexte, et le psychomotricien va s’occuper de tous les mécanismes corporels engagés dans la bonne réalisation de ces lettres.

Par là même, le psychomotricien contribue avec l’orthophoniste à rééduquer le langage écrit, le premier s’occupant de l’écriture sur le plan moteur, et le second s’occupant de la construction des mots constituant le langage.

Au cabinet, nous ne parlons pas de bilan graphomoteur parce que le bilan psychomoteur intègre de toute façon une observation fine et précise des mécanismes graphomoteurs inhérants à l’écriture. Dissocier la notion de graphomotricité de celle de psychomotricité risque de faire croire qu’un psychomotricien ne faisant « qu’un bilan psychomoteur » pourrait ne pas avoir observé l’aspect graphomoteur/écriture, ce qui n’est évidemment pas le cas.